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Boisvert
 
 
“Cette exposition donne à voir des personnages qui témoignent d’une certaine expérience du regard. Un regard qui embrasse tout le champ de la peinture et qui tient le tableau en équilibre sur lui-même, un peu à l’image des mots qui résistent sans impatience au bavardage de la phrase. Il y a encore quelque part ce silence qui accueille sans trembler la lumière : Tes yeux sans faire de bruit.

Depuis vingt ans environ, Il y a en permanence sur mon chevalet ou sur le plancher de mon atelier une œuvre en cours. Une petite éternité en soi passée dans l’abondance des repentirs, en duel avec l’axe du regard et la diagonale du tableau, en compagnie du miracle qui forme un tout cohérent depuis l’anarchie des moyens… au grand renfort de trouver une âme complice pour apprécier l’œuvre à l’heure bénie de l’apéro. C’est en peignant que j’arrive à voir comment Léonard pratique le sfumato, Giacometti l’art de la litote, Picasso la résurrection des âmes, Rothko la transparence, Basquiat l’irrévérence. C’est de cette façon que je suis à même de mieux regarder la manière de voir propre à De Staël, à Soulages, à De Kooning et à ce petit peintre (selon les mots d’Alfred Laliberté) qui s’appelle Rodolphe Duguay. Et c’est à force de contempler les pastels de lui célébrant l’aristocratie religieuse de son temps, pastels qui animent les murs du Séminaire de Trois-Rivières dans le silence et une odeur de camphre, que je me suis mis à peindre des portraits.”